JOUR 18
Le lendemain matin, Adam se prépare. Son armure est bien plus confortable et plus agréable à l'oeil. Il prend son petit-déjeuner et s'en va vers l'extérieur de la tour. Il se dirige vers la forge.
" Bonjour, Forgeron.
- Oh, bonjour !
- Je passais vous demander si vous aviez bien reçu les os de jomi.
- Et pas qu'un peu. J'ai reçu tout le stock que vous m'aviez promis.
- Je suis content de l'apprendre.
- A propos, je vous ai fabriqué l'huile d'os de jomi dont nous avons parlé.
- Bonne nouvelle !
- Vous enduirez votre épée avec cette huile, à l'aide du chiffon que voici.
- Je vous remercie. Combien est-ce que je vous dois ?
- Me devoir quelque chose ? Ah ah ah. C'est plutôt moi qui vous suis redevable. J'ai appris que vous aviez sauvé le château.
- Je n'étais pas seul, vous savez...
- Je vois que le contenu de votre carquois peut être amélioré... Que pensez-vous de ça ?
Le forgeron lui montre des flèches en os de jomi qu'il a réalisé la veille.
- Fantastique !
- Donnez-moi les vôtres et remplissez votre carquois avec ces flèches jomis. Elles seront encore plus efficaces.
- C'est très gentil. Merci beaucoup.
Adam récupère vingt-cinq flèches jomi.
- Il n'y a pas de quoi. Vous avez besoin d'autre chose ?
- Non, je vous remercie. Je dois y aller maintenant.
- Je vous en prie. A la revoyure.
- Au revoir, Forgeron. "
Adam se dirige au tribunal. De nombreuses personnes se sont déplacées pour assister au procès du maire et des brigands. C'est le roi qui va présider la séance. Au fond la pièce, assis en hauteur, Qualrain est accompagné d'un huissier et du mage. Des soldats sont à côté d'eux.
Les accusés, maire et brigands, sont disposés sur le côté gauche, face à leurs accusateurs, tandis que des soldats se trouvent auprès d'eux. Sur le côté droit, c'est le public qui s'y trouve ; Adam, le messager et les deux capitaines ont pris leurs places.
Le roi ouvre la séance :
" Si nous sommes tous réunis aujourd'hui, c'est parce que les individus qui se trouvent face à nous sont accusés d'avoir comploté avec Melios, roi du Sud, à l'encontre du royaume du Nord. Ils sont accusé d'avoir voulu semer la terreur dans notre contrée, par l'entremise de géants dénommés jomis.
Puis, regardant le maire, il lui dit :
" Vous ! Confirmez-vous avoir été jusqu'à présent le maire de Tchaïdeniz ?
- Oui...
- Confirmez-vous avoir comploté contre nous ?
- On m'y a forcé !
- Donc vous reconnaissez les charges adressées à votre encontre ?
- Oui...
- Reconnaissez-vous les individus qui se trouvent à côté de vous ?
- Non.
- C'est faux ! dit l'un des brigands. C'est lui qui m'a expliqué ce qu'on devait faire.
- Et que vous a-t-il dit ?
- Il nous a demandé de tuer tous les cavaliers qui se dirigeaient au galop au château.
- Est-ce que ce que dit cet homme est vrai, monsieur le maire ?
- Oui...
Le seigneur appelle le messager. Celui-ci s'approche.
- Reconnaissez-vous cet homme ? demande le roi aux brigands.
- Nous le reconnaissons, disent quelques brigands.
- Et vous, messager Kamon, reconnaissez-vous vos agresseurs ?
- C'est bien eux.
S'adressant au public, l'huissier dit :
- L'homme qui se présente devant vous, a été violemment agressé par ces bandits sur ordre du maire.
Le roi s'adresse au messager :
- Pourquoi ces brigands vous ont-ils agressé ?
- Pour m'empêcher d'atteindre le château.
- Pourquoi pensez-vous celà ?
- Parce qu'ils m'ont demandé où j'allais.
- Vous leur avez donc dit que vous alliez au château.
- Oui.
- Leur avez-vous dit ce que vous alliez y faire ?
- Oui.
- Que leur avez-vous dit ?
- Que le royaume du Nord était en danger et que je devais absolument rencontrer le roi pour l'avertir.
- Et que s'est-il passé ensuite ?
- Ensuite, ils nous ont arrêté puis emmenés au bosquet.
- Et que s'est-il passé au bosquet ?
- Ils nous ont battu et ont finit par tuer celui qui m'accompagnait.
- Comment-vous en êtes-vous sorti ?
- Des gardes du château m'ont trouvé et m'ont soigné.
- Et avant l'agression, qui vous a dit de venir au château ?
- Le capitaine de Tchaïdeniz.
- Je vous remercie. Vous pouvez reprendre votre place.
Le messager se rasseoit. L'huissier appelle le capitaine de Tchaïdeniz, Paul. Le roi l'interroge.
- Qu'aviez-vous dit aux messagers avant qu'ils ne partent vers le château ?
- Je leur ait dit que des jomis venant de Tchaïdeniz allaient être lâchés près du château.
- Et comment l'avez-vous appris ?
- Lors d'un repas avec le maire.
- Vous confirmez donc que c'est le maire qui vous en a informé.
- Oui.
- Lors de ce repas, d'autres personnes savaient-elles ce qui allait se passer ?
- Oui.
- Qui ?
- Il y a avait aussi cet envoyé, qui venait du royaume du Sud.
- Que faisait cet homme en votre compagnie ?
- Je l'ignore. Depuis quelques temps, il suivait le maire partout où il allait.
- Je vous remercie, veuillez retourner à votre place, dit le roi.
L'huissier demande au maire de se lever. Qualrain l'interroge :
- Qui est l'homme dont a parlé le capitaine de Tchaïdeniz ?
- C'est un commandant de Melios.
- Est-ce vrai qu'il vous accompagnait souvent ?
- Souvent ? Non... Disons, de temps en temps.
- Et pour quelle raison le voyiez-vous ?
- On ne m'a pas laissé le choix...
- N'était-ce pas vous le maître des lieux ?
- Si mais...
- En cas de danger, n'aviez-vous pas la possibilité d'envoyer des messagers au château ?
- Si mais...
- Mais quoi ?
- Ils m'ont dit que le royaume du Nord était sur le point de tomber.
- Et vous les avez donc crû...
- Oui...
- A propos, comment avez-vous appris que le capitaine avait envoyé des messagers ?
- Nous l'avons fait suivre.
- Vous doutiez donc de sa loyauté à votre égard ?
- Oui.
- Pourquoi ?
- Parce qu'il n'aimait pas les changements qu'il voyait s'opérer dans la ville.
- Vous pouvez vous rasseoir.
L'huissier rappelle le capitaine de Tchaïdeniz. Le roi l'interroge :
- Que reprochiez-vous au maire ?
- Ce que je lui reprochais ?
- Oui.
- Deux choses : d'abord, il laissait les bâteaux venant du royaume du Sud débarquer au port de la ville. De plus en plus de soldats ennemis débarquaient régulièrement.
- Et l'autre chose ?
- Ensuite, c'est qu'il a réaffecté le quartier ouest de la ville. C'était devenu un repère de brigands.
- Nos envoyés nous ont dit qu'il vous ont retrouvé dans la prison de Tchaïdeniz. Est-ce vrai ?
- Oui.
- Sur la base de quel délit ou de crime vous y a-t-on enfermé ?
- On m'a accusé d'avoir brûlé le quartier des jeux.
- Est-ce vrai ?
- Non ! C'est une mise en scène qui leur permettait de se débarrasser de moi.
L'huissier demande au maire de se lever. Le roi lui demande :
- Avez-vous orchestré l'arrestation du capitaine sur la base de faux ?
- Non ! Il ment !
- Etiez-vous présent lors de son procès ?
- Oui, j'y étais.
- Sur quelles preuves la culpabilité du capitaine a-t-elle été fondée ?
- Des gardes ont témoigné sur le fait qu'ils se plaignaient souvent de ce quartier.
- Quelqu'un l'a-t-il vu incendié le quartier ?
- Je ne sais pas.
Le capitaine de Tchaïdeniz reprend la parole :
- Je n'ai pas incendié le quartier. Tout cela, c'était un complot pour me faire arrêter ! "
Le roi annonce une pause et discute de la délibération, aussi bien avec l'huissier qu'avec le mage. Quelques instants plus tard, l'huissier annonce la sentence :
" Ancien maire de Tchaïdeniz, à vos yeux, le seul crime de cet homme est d'avoir cherché à protéger le roi Qualrain. Au vu des informations que nous avons parcouru ensemble et des faits qui vous sont reprochés, vous êtes déclaré coupable de haute trahison à l'encontre de votre roi. De fait, vous et vos complices, êtes condamné à l'incarcération à perpétuité. La séance est levée. "
Le maire ne conteste pas la sentence. Il sait qu'il a cherché secours auprès de l'ennemi. Les condamnés auront, largement le temps de méditer sur les intentions qui les ont poussé à faire ce qu'ils ont fait.
Adam et les autres sortent de la salle d'audience. Il pleut. Le jeune homme se dirige à la cantine de la tour de garde. Là-bas, Urger lui dira ce qu'il y a de prévu pour le reste de la journée.
--> Adam a une armure en cuir avancée, l'épée d'Osgoth, un arc et un carquois avec 25 flèches jomi, un livre sur les créatures, le parchemin d'Hector, trois-quart d'une feuille de papier, 90% d'un flacon d'encre, un flacon d'huile de jomi, un chiffon, une calame, 4 morceaux de viande séchée, une gourde remplie d'eau, ainsi qu'une bourse contenant 6485 sous. Ses faits d'arme : un troll des campagnes, un gobelin migrateur, trois brigands, 2 harpies des marécages, 1 jomi.
Adam se trouve dans la cantine de la tour. Pendant le repas, où il s'est servi, en self-service, de soupe de légumes, d'escalope de faisan et de poêlée de carotte, il discute avec ses comparses. L'un des gardes lui apprend que ce matin, des agriculteurs sont venus se plaindre à propos de spectres.
Le capitaine arrive dans la salle vers la fin du repas. Adam lui demande :
" On fait quoi cet après-midi, capitaine ?
- Je ne sais pas encore. Pourquoi n'irai-tu pas patrouiller. Tu peux prendre un cheval.
- Je voudrai m'occuper de cette histoire de spectre.
- Les spectres ? Oh... C'est compliqué, tu sais...
- Ah bon, pourquoi ?
- Les affaires de spectre, c'est pas comme les affaires de monstres ou d'humains. Ca ne se laisse pas attraper, on ne peux pas les mettre en prison non plus... C'est un problème qu'on a du mal à régler.
- Il a forcément un moyen, non ?
- Tu devrais en parler au mage ; il en sait plus que moi à ce sujet.
- D'accord. Et bien à plus tard.
- A plus tard. "
Avant de quitter la tour, Adam s'installe sur son lit et ouvre son livre. Il parcoure les pages correspondantes aux spectres. Voici ce qu'il lit :
" Les spectres sont, parmi les créatures de notre contrée, celles dont les citoyens se plaignent le plus communément. Bien qu'il soit difficile de définir précisément leur habitat, on a constaté qu'ils se regroupaient majoritairement dans les lieux où les humains étaient moins nombreux, comme dans les forêts ou les zones marécageuses. Des voyageurs ont également rapporté que l'on pouvait en trouver dans les déserts et certaines étendues d'eau ou de glace. Les spectres sont des êtres humains qui ont perdu la vie et qui errent sous leur apparence éthérique. Ces créatures ne sont pas foncièrement hostiles aux humains mais c'est la longueur de leur pénitence qui finit par en rendre certains agressifs. En effet, ils errent sans savoir ce qu'ils doivent vraiment faire, ne s'alimentent pas, ne ressentent pas de plaisir à exister. Ils semblerait que les spectres soient bloqués entre deux mondes, le nôtre et celui des morts. D'habitude, ils sont invisibles, mais ils peuvent nous apparaître afin de nous effrayer, ou peut-être pour essayer de nous dire quelque chose, nous ne savons pas très bien ; dans tous les cas, la majorité d'entre nous en ont peur et celà ne permet pas la convivialité. De nombreuses histoires racontent que des spectres finissent par prendre le contrôle de certains hôtes afin de pouvoir intéragir avec le monde matériel plus facilement. Lorsque vous êtes attaqué par des spectres, le plus simple est de fuir. Il arrive cependant que certaines personnes soient parvenues à en faire partir en récitant des incantations. Les spectres n'ont pas réllement de point faible. On ne peut pas les toucher non plus avec des armes traditionnelles. Des données nouvelles sur ce sujet apparaissent régulièrement : peut-être en apprendrez-vous davantage à ce propos auprès de mages ou de prêtres. "
Adam va voir le mage. On lui ouvre la porte du donjon ; il est presque comme chez lui. Il se dirige dans ses bureaux. Celui-ci est en train de lire un livre qui s'intitule : "Plantes et végétaux de notre île " . Quand il voit Adam, il s'arrête et lui demande la raison de sa présence :
" Tu voulais me demander quelque chose, Adam ?
- Avez-vous un moment à m'accorder pour me parler des spectres ?
- Les spectres ? Oh... Sujet aussi intéressant que difficile à appréhender. Que désires-tu savoir ?
- On nous a rapporté que des spectres erraient dans les champs en ce moment.
- J'aurais dû y penser... Cela ne m'étonne pas.
- Que voulez-vous dire ?
- Ce sont probablement les esprits de soldats morts lors de la récente bataille contre les jomis.
- Peut-on faire quelque chose pour les faire partir ?
- C'est très compliqué.
- Dans mon livre, j'ai appris que les spectres erraient sans but. Vous en pensez quoi ?
- Je pense que ce n'est pas faux, du moins pour une partie.
- Et pour l'autre partie ?
- Ils doivent essayer de rentrer en contact avec nous.
- Ah oui, je l'ai lu, ça aussi.
Le mage ferme son livre puis dit :
- Selon diverses souces, il semblerait que les spectres cherchent des guides parmi les humains.
- Des guides ?
- Des gens qui pourraient les faire passer définitivement dans le monde des morts.
- Vous avez déjà essayé ?
- Jusqu'à présent, cela n'a jamais été une priorité pour le royaume du Nord. J'ai tellement de choses à faire de mon côté que je ne m'en suis jamais vraiment occupé. C'est plutôt la mission des prêtres que des mages, si tu veux mon avis.
- Savez-vous ce qu'il faut faire pour les empêcher de s'en prendre aux citoyens ?
- Je viens de te le dire. Il faut les guider.
- Les guider vers le monde des morts ? Mais comment ?
- Je suppose qu'il faut les faire venir jusqu'au temple.
- Et comment dois-je faire ?
- Je te suggère de poser ces questions au prêtre.
- Je vais y aller de ce pas, dans ce cas.
- Très bien jeune apprenti.
- Merci pour les renseignements, Mage. Au revoir.
- Au revoir. "
Adam se dirige maintenant au temple. A l'intérieur, il trouve le prêtre, probablement en train de prier. Adam l'interrompt au bout d'un certain temps, car celui-ci ne l'avait pas remarqué.
" Pardon Prêtre, mais je dois vous parler.
- Oui, jeune frère, je vous écoute. Comment puis-je vous aider ?
- Je voudrais savoir comment on peut guider les spectres ?
- Les spectres ? Par les cieux, ce n'est pas une mince affaire.
- On m'a dit qu'il fallait les guider jusqu'ici, est-ce vrai ?
- C'est une possibilité, effectivement.
- Quelles sont les autres endroits ?
- Toutes les intersections énergétiques sont de potentielles entrées vers un autre monde.
- Les intersections énergétiques ?
- Ce sont des noeuds où se rejoignent les tissus du monde matériel et les tissus du monde immatériel.
- Donc, si j'ai bien compris, le temple est bâti sur l'un de ces noeuds...
- Tout à fait.
- Je voudrais guider des spectres jusqu'au temple. Comment dois-je m'y prendre ?
- Il ne suffit pas de les amener jusqu'ici. Certains spectres errent tout simplement parce que l'entrée dans l'autre monde leur a été refusé.
- Qui leur refuse ?
- Un gardien en garde les portes.
- Pourquoi leur refuserait-il ?
- Quand ils arrivent aux portes, le gardien pèse les actions terrestres de chaque esprit. Ceux dont les mauvaises actions pèsent plus lourd que les bonnes ne peuvent pas entrer.
- Et que font ceux qui ne peuvent entrer ?
- Ils sont renvoyés sur Terre pour errer.
- Que font les spectres qui errent ?
- Ils cherchent des moyens pour interragir avec la matière. Pour cela, ils tentent d'entrer en contact avec des humains pour qu'ils les aident à réaliser leurs missions.
- Pourquoi certains sont-ils méchants avec les humains ?
- Les humains ne sont généralement pas enclin à les aider, probablement à cause de la peur qu'ils ressentent en les voyant.
- Oui mais s'ils ne peuvent entrer dans le monde des morts ni parvenir à réaliser des missions pour expier des fautes, que deviennent-ils ?
- C'est effectivement un problème car au fil du temps, certains en deviennent agressifs. Ils peuvent en venir à provoquer les humains voire les posséder en prenant leur corps.
- C'est troublant...
- Le plus troublant, c'est que certains spectres finissent par se faire à leur état, et entreprennent d'empêcher les autres de migrer vers l'autre monde.
- Il existe des spectres plus puissants que d'autres ?
- Tout à fait.
- Comment font-ils pour les empêcher ?
- Ces spectres, plus concients de leur état, et sans doute plus malins, en viennent à posséder le corps d'un humain pour contrôler les autres spectres.
- Des spectres à l'apparence humaine ?
- On les appelle nécromanciens ou sorciers.
- Mais pourquoi cherchent-ils à contrôler les autres spectres ?
- Ce n'est qu'une hypothèse mais selon moi, au début, ce type de spectre possède un hôte par pure compasion envers les siens, afin de les guider. Mais avec le temps, le pouvoir qu'il acquièrt sur les autres finit par le posséder lui-même.
- Les nécromanciens sont-ils des ennemis ?
- Oui ou non. Oui, si leur objectif est de contrôler des spectres pour dominer l'humanité. Non, si leur objectif est d'aider à rééquilibrer la balance des spectres qu'ils guident.
- Où peut-on trouver des nécromanciens ?
- Dans notre région, à notre connaissance, il y en a quelques uns mais le plus dangereux de tous vit dans la forêt, la plus proche du château.
- Je voudrais aller dans cette forêt pour convaincre le nécromancien.
- Vous ne pouvez y aller comme cela. Les spectres vous attaqueraient... Certains pourraient essayer de vous posséder.
- Comment faire alors ? Il doit bien y avoir un moyen...
- Il y a peut-être un moyen, effectivement.
- Quel est-il ?
- Il vous faudrait un talisman.
- Un talisman ?
- Un objet qui vous protègerait.
- Quel genre d'objet ?
- L'objet importe peu. Ce peut être une bague, un bracelet, une chaîne, par exemple.
- Vous pouvez m'en prêter un ?
- Je n'en ai pas, je suis désolé. Il faut que vous vous procuriez un objet puis que vous le fassiez enchanter par le gardien.
- Le gardien de l'autre monde ?
- Oui.
- Comment puis-je entrer en contact avec lui ?
- Là est la difficulté. Il ne se montre pas à tout le monde. Néanmoins vous pouvez toujours essayer. Pour cela, vous devez dormir au temple et espérer qu'il vienne à vous dans votre songe.
- Je voudrais essayer.
- Soit, si vos intentions sont nobles, il n'y a pas de raison que cela ne fonctionne pas.
- Je vais sortir me procurer un objet à enchanter et je reviens.
- Très bien jeune frère.
- A tout à l'heure.
- A tout à l'heure. "
--> Adam a une armure en cuir avancée, l'épée d'Osgoth, un arc et un carquois avec 25 flèches jomi, un livre sur les créatures, le parchemin d'Hector, trois-quart d'une feuille de papier, 90% d'un flacon d'encre, un flacon d'huile de jomi, un chiffon, une calame, 4 morceaux de viande séchée, une gourde remplie d'eau, ainsi qu'une bourse contenant 6485 sous. Ses faits d'arme : un troll des campagnes, un gobelin migrateur, trois brigands, 2 harpies des marécages, 1 jomi.
Adam sort du temple et se dirige à la bijouterie. Il regarde ce qu'y s'y vend puis opte pour une bague en or. Cela lui coûte 500 sous. Ceci fait, il retourne au temple. Il demande au prêtre un endroit où il pourrait faire une sieste. Le maître des lieux lui propose un endroit dans une arrière salle. Adam s'allonge. Quelques minutes plus tard, il s'endort.
Adam finit par se réveiller. Il se dirige vers la grande pièce afin de dire au prêtre que cela n'a pas fonctionné. Il voit le patron des lieux, sur le point de sortir du temple. Il l'appelle de loin. Celui-ci se retourne. Mais ce n'est pas le prêtre, c'est le gardien !
Adam est quelque peu effrayé car il ne s'attendait pas à cette mise en scène.
" Auriez-vous préféré un autre endroit ? lui demande le gardien.
- Pardon... non... je ne sais pas... êtes-vous celui que l'on appelle gardien ?
- C'est juste.
- Je voulais vous voir.
- Je sais pourquoi vous êtes là.
- Pouvez-vous m'aider ?
- Vos intentions sont nobles Adam, j'accepte de vous aider.
- Voici la bague en question.
- Cet objet, que je m'apprête à enchanter, te permettra d'être protégé contre les attaques de spectres. Tant que ta mission ne sera pas accomplie, ne le retire sous aucun prétexte.
- Pourquoi n'acceptez-vous pas tous les spectres dans l'autre monde ?
- Certains ne le méritent pas.
- Mais ils s'en prennent aux humains...
- Les humains s'effraient parfois de petites choses, et défient de grandes choses.
- Les spectres sont-ils de petites choses ?
- Veux-tu dire innofensifs?
- Oui.
- Les spectres, dans leurs débuts, ne comprennent pas leur état. Ils sont réceptifs à tous ceux qui pourraient les aider à trouver leur chemin. Mais si leur travail ne portent pas leurs fruits, ils peuvent trouver le temps long et considérer des ambitions plus inquiétantes.
- Avec le temps, les humains considéreront-ils les spectres ?
- Rien ne sera tant que les spectres et les humains ne comprendront pas leurs rôles respectifs.
- Si je réussis, accepterez-vous tous les spectres que je vous enverrai ?
- Probablement pas.
- A quoi ma mission servira-t-elle alors ?
- A empêcher certains d'alourdir le poids de leurs mauvaises actions, et d'autres, de leurs faire accepter leur état, jusqu'à ce que la balance penche en leur faveur.
- L'errance peut-elle être longue ?
- Certains spectres parmi vous errent depuis des milliers d'années.
- Des milliers d'années ?
- Au point d'oublier qu'ils cherchent un passage vers un autre monde.
- Les animaux ont-ils peurs des spectres ?
- Certains oui, et d'autres non.
- Je compte retrouver le chef des spectres du royaume du Nord.
- Tu le trouveras.
- Est-ce que c'est un ancien spectre ?
- Le plus ancien. Il est venu me voir à plusieurs reprises.
- Qu'a-t-il fait de mal pour être condamné à une peine si longue ?
- En ce qui le concerne, ce qu'il a fait de mal concerne ce qu'il n'a pas fait de bien.
- Je ne comprends pas.
- Il utilise ses acquis pour égarer des spectres au lieu de les guider. Chaque jour qui passe alourdi sa peine.
- Je vais faire de mon mieux.
- Que ta persévérence soit récompensée. Ta bague te protègera. A présent, retourne à ta couche.
- Merci Gardien. "
Adam s'allonge à nouveau sur le lit sur lequel il faisait sa sieste. Quelques instants plus tard, il se réveille. Le prêtre discute avec quelques personnes. Adam le salut de la main et quitte le temple. C'est le soir. Adam retrouve le capitaine dans la tour et lui annonce qu'il va partir en mission dans la forêt. Urger l'autorise à partir. Il en profite pour lui donner le montant de sa solde, soit 400 sous.
Adam va à l'écurie. Il prend un cheval et le scelle. Sur le mur, il constate la présence d'une torche non allumée. Il la prend. Puis il quitte le château en direction de la forêt.
Pour s'éclairer, il utilise la torche. Il arrive dans la forêt en pleine nuit. Il attache son cheval à un arbre puis pénètre dans l'étendue boisée. Il entend des sons provenant de différents animaux. Mêlés à eux, il entend des sortes de cris, des sortes de pleurs, des sortes de rire aussi. Il entend également des débuts ou des fins de mots, de phrases peut-être.
Il continue son chemin en se fiant à son instinct. Des créatures fantomatiques font leur apparition entre les arbres. Elles émettent de la lumière par elles-mêmes : certains spectres sont rouges, d'autres gris, d'autres bleus. Certains se montrent ostensiblement, d'autres sont supposémment restés invisibles. Certains ne montrent que leurs parties antérieures, d'autres leurs parties postérieures.
Certains spectres comprennent qu'il ne faut pas s'approcher d'Adam et le laissent circuler à sa guise. D'autres, plus téméraires, cherchent à s'approcher d'Adam mais sont violemment projetés en arrière.
Adam avance et s'engouffre toujours plus profondément dans la forêt. A un moment donné, il entend une voix. Il suit le son jusqu'à apercevoir de la lumière provenant de torches posées sur le sol. Adam continue de marcher puis finit par apercevoir un vieillard entouré de spectres. Celui-ci leur dit ceci :
"Parcourez champs et rivières et ramenez vos frères.
Que les jeunes accompagnent et apprennent des anciens.
Convainquez ceux qui souffrent et combattez ceux qui endurent.
La voie que je vous enjoins de suivre vous mènera à la paix."
Adam se montre, ce qui interrompt la cérémonie du nécromancien :
" Qui êtes-vous ? lui demande le vieil homme.
- Je m'appelle Adam.
- Quel courage ! Adam... et qu'êtes-vous venus faire aussi loin dans la forêt ?
- Je suis venu vous demander d'arrêter.
- Arrêter ? Ah ah ah !
- Vous empirez votre situation et celle des autres spectres, Nécromancien. Il faut que vous cessiez.
- C'est trop tard, Adam.
- Vous ne faites que retarder leur accès à l'autre monde.
- L'autre monde n'en a que faire de nous !
- Ce n'est pas vrai. L'autre monde vous attend !
- Voyez vous, Adam, nous sommes tous des rebus de ce monde dont vous parlez.
- De façon passagère seulement.
- Je vous ai assez entendu, Adam... quittez ce lieu ou ce sera le dernier que vous aurez vu !
- Je vais y aller. Mais d'abord, je veux que vous libériez tous les spectres que vous avez égarés.
- Ah ah ah !
Le nécromancien prend un ton vindicatif en s'adressant aux spectres qui suivent la discussion :
- Mes frères ! N'écoutez pas cet individu. Montrez lui à quel point sa constitution ne lui permet pas d'avoir quelconque emprise sur vous ! "
A cet instant, une nuée de spectres surgit de la forêt et fonce sur Adam. Pendant de longues minutes, des spectres s'encastrent contre la barrière protectrice d'Adam, là où d'autres sont éjectés, sur les côtés ou dans les airs.
Adam réitère sa demande à l'encontre du nécromancien mais celui-ci refuse à nouveau. Adam s'adresse alors aux spectres de la forêt :
" Il se peut que beaucoup d'entre vous aient déjà acquis leur place dans l'autre monde. Et à ceux qui en douteraient, sachez que vous ferez une très grande et très belle action en refusant de continuer à suivre les instructions de ce nécromancien. Pour certains d'entre vous, il ne fait que retarder votre entrée dans l'autre monde, et pour les autres, qui ont déjà acquis leur place, il fait en sorte que vous ne le sachiez pas. Prenez la direction du temple du château et demandez une audience avec le gardien de l'autre monde."
A ces mots, le nécromancien se met en colère. Il envoie un sort d'éclair sur Adam qui est projeté à son tour. Cependant, Adam se relève et parvient à se cacher derrière un tronc. Le nécromancien envoit de nouveau un sort d'éclair sur l'aventurier mais c'est l'arbre qui prend feu.
Au fil des attaques et des esquives, le feu s'étend dans la forêt. De leurs côtés, les spectres continuent d'attaquer Adam mais ils ne parviennent pas à dépasser la barrière protectrice. Le nécromancien ne fléchit pas et insiste. Des branches commencent à tomber sur le sol. L'une d'elle touche Adam qui se retrouve empêtré un certain temps. Le nécromancien cherche à profiter de l'occasion et avance vers Adam.
L'antagoniste prépare une nouvelle attaque qu'il est sur le point de projeter sur Adam. A cet instant, le nécromancien effectue une voltige. Il vient d'être projeté par le cheval qui l'a percuté. Le nécromancien touche le tronc d'un arbre en feu, ses vêtements s'enflamment. Il se débat, court dans tous les sens et s'écroule.
Il se remet alors à pleuvoir. La feu de la forêt s'éteind peu à peu. Le jeune homme monte sur son cheval et s'approche du cadavre du nécromancien. Une créature fantomatique sort de son corps. Elle s'adresse à Adam :
" Réalisez-vous ce que vous venez de faire ?
- Je viens de mettre un terme à vos projet de désordre dans la contrée.
- Qui êtes-vous ?
- Je m'appelle Adam et je sers le roi du Nord.
- Adam, j'ai mis des années à rassembler tous ces spectres et voilà qu'en une nuit, vous avez tout fichu en l'air.
- Si vous voulez aider ces spectres, envoyez-les dans l'autre monde.
- Et que faire de ceux qui ne peuvent y entrer ?
- Votre mission n'est certainement pas de les contrôler. S'ils sont réceptifs à votre aura, alors vous devez vous en servir pour les accompagner, et non pour les égarer.
- C'est le gardien qui vous envoie ?
- Le gardien vous somme de revenir à la raison. Aidez les vôtres à s'aider eux-mêmes et regagnez votre place dans l'autre monde.
Le spectre garde le silence quelques instants puis dit :
- Vous avez raison. J'ai été dépassé par mon désespoir.
- Convainquez les spectres de retourner au temple pour les uns, de ne pas s'en prendre aux humains pour les autres.
- Je ferai comme vous me dites.
- Je compte sur vous. "
Adam repart sur le dos de son cheval. Il pleut. Le cavalier prend la direction du château avec la sensation du devoir accompli. Arrivé à l'écurie, il descelle son cheval puis remet la torche à sa place. Le soleil va bientôt se lever. Il se rend au bureau du capitaine, puis écrit sur un papier qu'il pose sur sa table : "Le problème des spectres est résolu."
Ceci fait, il va à la cantine avec deux perles de viande séchée et sa gourde. Il prend son repas, se lave les mains puis va se coucher.
--> Adam a une armure en cuir avancée, l'épée d'Osgoth, un arc et un carquois avec 25 flèches jomi, un livre sur les créatures, le parchemin d'Hector, la moitié d'une feuille de papier, 80% d'un flacon d'encre, un flacon d'huile de jomi, un chiffon, une bague anti-spectre en or, une calame, 2 morceaux de viande séchée, une gourde presque vide, ainsi qu'une bourse contenant 6385 sous. Ses faits d'arme : un troll des campagnes, un gobelin migrateur, trois brigands, 2 harpies des marécages, 1 jomi, 1 nécromancien.